Vous avez peut-être déjà entendu ces mots : accompagnement patient, patient centered care, patient centricity, supportive care, value based health, life management, prévention, homecare. Ils sont partout. Ils sont les concepts de cliniciens, de sociétés savantes, de startups et d’industriels ; et pourtant ils décrivent tous une seule et même tendance. Celle du « prévenir plutôt que guérir » ; celle du care plutôt que le cure ; celle de la santé plutôt que le soin.
Mettons ici de l’ordre dans ces concepts et tentons d’expliquer cette convergence d’intérêts.

Vous êtes une institution, un industriel ou une startup dans le domaine de la santé. Un matin vous vous réveillez et vous avez une intuition forte : « on peut faciliter les échanges dans telle pathologie » ; ou encore : « on peut simplifier l’accès à l’information pour les médecins », « on peut repenser la médecine de ville dans les maladies chroniques », etc… Votre intuition ne vous lâche plus. Vous allez donc créer une nouvelle expérience, un nouveau service en santé.

Le rôle du design a changé. Il n’est plus seulement la réponse au besoin esthétique, émotionnel ou fonctionnel. Il intéresse de plus en plus parce qu’il est un processus : une déconstruction des usages pour façonner des services et produits plus adaptés. Dans un monde en demande de renouvellement, le design est devenu stratégique.

La santé ce n’est pas seulement le système de santé. Le self-care a pris son envol ces dernières années et on ne peut plus l’ignorer. C’est d’abord le fait des politiques de prévention (rendons à César) : on jogge le dimanche, on a des rapports protégés, on mange cinq fruits et légumes par jour… Rajoutons à ça l’avènement des communautés de patients, dont certaines ultra-actives et expertes. Mais on ne peut négliger l’avènement du quantified-self : avec des niveaux de services hétérogènes certes, n’empêche que ces services ont contribué à une véritable prise de conscience du « soin de soi ».

Donc on en serait à 165 000 applications de santé dans le monde. 60% sont des applis de bien-être (comprenez courir, perdre du poids, dormir…) et 40% entrent donc dans la catégorie médicale. Dans cette catégorie, on en compte 17 000 rien qu’en France. Avec tout ça, on devrait avoir le choix de la qualité. Sauf que non.

Revenons sur quelques chiffres, connus de beaucoup. Le cancer c’est 350 000 nouveaux cas par an; c’est aussi 625 000 patients en cours de traitement chaque année. Plus intéressante est l’évolution historique : 2 fois plus de cas annuels qu’en 1980 en France.

“Il y a une attente irréaliste sur quand et comment la santé mobile va se structurer. […] Nous sommes quelque part entre le sommet de l’effet de mode et l’abîme de la désillusion”. Patty Mechael, ancienne directrice executive de la mHealth Alliance.